Au volant, la vue c'est la vie !
20 % des conducteurs présentent un défaut visuel non ou mal corrigé
Quand on sait que 90 % des indications nécessaires au conducteur sont fournies par l’œil, on comprend l’importance de l’acuité visuelle au volant. Les statistiques internationales évaluent à environ 12 % le nombre d’accidents dus à une déficience visuelle. En France, l’AsnaV estime à 8 millions le nombre de conducteurs ayant un trouble de la vue non ou mal corrigé tandis que près d’1 million d’entre eux roulent avec une acuité des 2 yeux inférieure à 5/10èmes.
25% des conducteurs ne portent pas leurs lunettes au volant
Nous sommes face à l’un de nos nombreux paradoxes, car s’il est (heureusement) probable que vous vous fassiez arrêter pour un feu grillé ou un stop oublié, il est très rare que vous soyez verbalisé pour défaut de port de lunettes. Sachez toutefois que cette infraction peut vous coûter 135 euros !
De plus, Il est interdit à un médecin de signaler tout patient inapte à la conduite sous couvert du secret médical. Heureusement, le cas ne se présente pas souvent mais le principe gagnerait à être… revu.
La législation demande un minimum de 5/10èmes d’acuité visuelle binoculaire (les deux yeux ensemble), et si l’un des yeux a une acuité visuelle inférieure à 1/10, l’autre doit compenser avec 5/10èmes. Le champ visuel global des deux yeux doit être au moins de 120°. Ce texte peut paraître laxiste au regard des contraintes visuelles quant à la conduite, pour autant, l’acuité visuelle conjuguée de 5/10èmes est exigée toutes conditions de conduite et de luminosité confondues (changements brusques de luminosité, conditions atmosphériques, difficultés de terrain…). Rappelons néanmoins qu’avec un nombre de décès dus aux accidents de la circulation en ville en hausse de 7%, l’attention du conducteur doit être accrue et ses capacités visuelles optimales. L’AsnaV rappelle que tester sa vue régulièrement – une visite tous les 3 ans à partir de 40 ans – est plus que vivement conseillé. Sur la route ou en ville, c’est un gage de sécurité pour soi-même, pour ses passagers et les autres usagers qu’ils soient piétons ou motorisés.
Bien vu, bien lu
Bien vu ! Enfin… bien vu si le panneau est effectivement bien vu. Or il faut que les conducteurs aient une vision de loin suffisante pour leur permettre de lire et d’analyser l’information afin d’anticiper tout changement de direction !
En ville, surtout, tout peut arriver, le risque est omniprésent : piétons qui traversent sans regarder, casque audio vissé sur les oreilles et/ou obnubilés par leur smartphone, personnes âgées hésitantes, vélos et scooters fantaisistes, feux et priorités ignorés etc. Les obstacles sont nombreux et imprévisibles.
Or, une vue déficiente et/ou un champ visuel altéré peuvent entraîner la mauvaise appréciation d’un événement et retarder la réaction du conducteur. Les quelques mètres supplémentaires nécessaires au freinage sont encore la cause de beaucoup trop d’accidents. Pour mémoire, une acuité visuelle de 5/10èmes en ville équivaut à 50 m, soit un bassin olympique. Vu ?
Tout en rappelant ce chiffre-clé, “90 % des informations nécessaires à la conduite passent par la vue”, l’AsnaV demande qu’un contrôle régulier s’inscrive dans les projets de la Direction de la Sécurité Routière :
- un contrôle initial lors de la préparation de l’examen du permis de conduire,
- un contrôle lié à chaque renouvellement administratif, comme l’appliquent d’autres pays depuis la mise en place du permis européen en 2013.
Sans négliger pour autant la responsabilité du conducteur qui se doit d’être, en permanence, en pleine possession de ses capacités visuelles.
Toute la lumière sur la conduite nocturne
Un accident mortel sur deux survient au cours de la nuit. Ce constat brutal choque d’autant plus lorsque l’on sait que la conduite de nuit ne représente que 10% du trafic. Nous connaissons tous les facteurs qui en sont la cause : perception et champ visuels réduits, contrastes et reliefs diminués, virages mal éclairés ou mal signalisés, éblouissement des phares des autres véhicules… pour ne citer que quelques-uns des facteurs extérieurs, mais il faut aussi prendre en compte, de votre côté, la fatigue, la lassitude et la somnolence. De même, il faudra régulièrement faire régler ses phares : puissance et hauteur des feux doivent permettre de bien voir et d’être bien vu.
Nous savons notamment que l’acuité visuelle chute d’environ 50% la nuit, il va donc de soi que le port de ses lunettes est alors plus que vivement conseillé. Des zones d’ombre subsistent, on évitera de rouler trop près du véhicule qui nous précède ou des bas-côtés et des bandes d’arrêt d’urgence où la visibilité est souvent quasi inexistante.
Besoin de vous arrêter ? Signalez-vous le plus clairement possible : feux de détresse, triangle d’arrêt, éclairage intérieur du véhicule allumé, tous les moyens sont bons pour être vus.
Dernier point mais pas des moindres, faites des pauses. Une courte sieste, un café, un verre d’eau, sont les meilleurs alliés de la sécurité en conduite de nuit. Si vous êtes en forme, vos yeux le seront aussi !
Au soleil, jamais sans mes verres
Pour vous protéger de la forte luminosité du soleil, il est conseillé d’avoir toujours une paire de lunettes solaires à portée de main. Même si le pare-brise protège des rayons UV, les plus nocifs pour les yeux, il n’est d’aucune aide contre l’éblouissement ou la réverbération.
Comment les choisir ?
- Adaptez vos solaires à votre vue, surtout si vous êtes myope.
- Adoptez des verres polarisants qui atténuent l’éblouissement, améliorent la perception du contraste et du relief et réduisent ainsi la fatigue visuelle.
Optez pour une teinte de verres qui ne modifie pas la perception des couleurs (les gris, bruns ou verts par exemple, en évitant les bleus et les roses). Attention : les verres très foncés (catégorie 4) sont fortement déconseillés pour la conduite.
Rester vigilant en toutes circonstances
- Il n’y a pas de petits trajets, il n’y a pas de petits dangers. Il faut porter ses lunettes de vue même sur des trajets courts. Le danger est souvent plus proche qu’on ne le pense, dans une zone que l’on croit connaître par cœur.
- Le lever et le coucher du soleil sont des moments délicats pour la conduite, car la perception visuelle est altérée.
- L’entrée et la sortie des tunnels, comme les routes très ombragées, peuvent générer des risques d’accidents car durant les quelques secondes où l’on passe de l’ombre à la lumière, et inversement, notre vision est quasi nulle.
- La résistance à l’éblouissement provoqué par le soleil ou la lumière des phares, diminue considérablement avec l’âge (50 % environ tous les 12 ans).
Qu’en est-il pour les deux-roues ?
2 roues, 2 bonnes raisons de faire très attention
Il faut reconnaître que porter des lunettes sous un casque n’est pas toujours facile. Lors de l’achat de votre casque, il est important de l’essayer avec vos lunettes. Qu’elles soient de vue ou solaires, la monture doit se glisser facilement dans le casque, reposer correctement sur le nez et aucune compression ne doit se faire sentir au niveau des oreilles.
Quelques conseils pour vous équiper :
- Il est déconseillé d’opter pour des lunettes de soleil à verres polarisants, incompatibles avec l’écran du casque, afin d’éviter l’effet «arc-en-ciel».
- Oui pour la solution du casque homologué à visière teintée, à condition qu’elle soit amovible et remplaçable par une visière claire dès que la luminosité baisse.
- Pensez à choisir un casque adapté et testez votre champ de vision lors de l’achat en promenant votre regard de droite à gauche et de gauche à droite.
- Pour les porteurs de lentilles de contact, roulez en permanence avec l’écran abaissé. Vous les protégerez ainsi de la poussière ou des microparticules qui les rendent rapidement opaques. Munissez-vous toujours d’une paire de lentilles de dépannage ou de lunettes de secours.